Une plongée en apnée au large de l\'hôtel Baros, près du \

Finalement, c’est quoi le luxe, cette volupté quotidienne qui vous éloigne de l’ordinaire ?

 

Un repas gastronomique ? Un vol en classe affaires avec un thé servi dans un théière en argent et une serviette avec une boutonnière pour l’accrocher à votre chemise ? Une montre Panerai ? Un lit à baldaquin ? L’oubli de ses bagages qui vous accompagnent miraculeusement sans la moindre goutte de sueur ? Des petites serviettes rafraîchissantes que l’on vous tend à tout moment ? Un bateau rapide qui vous amène directement de l’aéroport à votre île-hôtel, Baros, à l’ouest de Male ? Une masseuse qui vous sussure : « Everything ok for you » ? Prendre une douche chaude dans une salle de bain extérieure alors qu’il pleut ? Marcher pieds nus sur du sable ratissé chaque jour ? Jouir de quelques instants dans un salon particulier à l’aéroport ?

 

Non, tout cela, ce sont les privilèges. Le vrai luxe, c’est se réveiller à l’aube aux Maldives, ouvrir la baie de sa chambre, enfiler un maillot, mettre masque et tuba, marcher trois mètres sur le sable blanc vers le lagon, se laisser glisser dans l’eau chaude et claire, nager sans faire de bruit vers les coraux et la brèche de la digue pour aller au dessus du « tombant », vers ce gouffre qui s’ouvre à 100 mètres de la plage et où des milliers de poissons multicolores tournent dans les rayons qui percent la surface. Là, respirer doucement, rester immobile entre deux eaux et jouir du moment tout autant que du spectacle. Se sentir luxueusement ailleurs, se laisser envahir par l’ivresse des profondeurs, renouer avec un rêve d’enfant : être au milieu d’un aquarium géant. Voici venir le chirurgien qui grignote les coraux, l’ »oriental sweet lips » ou « diagramme oriental » jaune pétard avec ses rayures et ses points qui n’aura pas le prix de l’harmonie mais qui fait son effet avec sa robe de couturier sous acide, un balliste mauve qui joue à nager penché sur le côté, des gobies de toutes les couleurs sur le corail, des murènes tachetés sous les rochers et des requins d’un mètre cinquante qui patrouillent à la limite du plateau. Oublier toute crainte, l’heure, la vie, la surface pour rester là au spectacle. Et puis rentrer doucement vers la plage en regardant des petits barracudas et des poissons-flûtes qui nagent juste sous la surface. Regarder les photos et les vidéos captées par sa Sanyo étanche de sa sortie sous-marine et son Vivitar avec boitier étanche à 15 mètres pour revivre son bonheur d’eau salée et de grand spectacle, s’en emplir. Y retourner le matin, le soir, la nuit pour boire tout l’Océan indien et ses poissons et envoyer par mail ses trésors chamarrés à ses amis – parce que le luxe, c’est peut-être aussi d’avoir le wi-fi dans sa chambre, au-milieu de nulle part- pour qu’ils dansent avec vous et les poissons-clowns. Un bonheur maldivien, luxueusement maldivien.

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